La Chine et l'Inde, qui devraient représenter près de 70% de la demande mondiale de pétrole d'ici 2030, misent sur les biocarburants moins onéreux pour alimenter leurs économies, selon l'Institut International de Gestion de la Ressource en Eau.
« Mais pour cultiver les plantes à l'origine du carburant, vous avez besoin de plus d'eau et de terres », explique Charlotte de Fraiture, une scientifique de l'institut et auteur principal de l'étude sur les biocarburants.
La Chine et l'Inde comptent chacune plus d'un milliard d'habitants et « souffrent de pénuries d'eau qui ne feront qu'empirer puisque la demande en nourriture suit le même rythme que la croissance de la population, à l'alimentation plus variée et aux revenus en augmentation. »
Les deux géants asiatiques « ont déjà du mal à trouver l'eau nécessaire à leur production de cultures vivrières », constate l'étude.
Alors que les prix du baril de brut dépassent les 80 dollars, les pays comptent de plus en plus sur les biocarburants, qui produisent de l'énergie à partir de déchets organiques, de bois, de déjections ou de résidus de canne à sucre et céréales.
La Chine prévoit d'utiliser principalement du maïs, alors que l'Inde s'oriente davantage vers la canne à sucre.Les deux cultures sont très gourmandes en eau, ajoute Charlotte de Fraiture.
La Chine souhaite porter son volume annuel à 15 milliards de litres d'éthanol en 2020, contre 3,6 milliards en 2002.Pour atteindre cet objectif, son agriculture devra fournir 26% de maïs en plus.
« La production des cultures énergétiques en Chine et en Inde pourrait mettre en danger l'utilisation durable de la ressource en eau, affectant ainsi l'irrigation destinée aux cultures alimentaires, comme les céréales et les légumes, qui devront être importées en plus grandes quantités », note Charlotte de Fraiture.
La Chine met actuellement sur pied un projet coûteux de transfert des eaux du sud du pays vers le nord, surexploitant les ressources des nappes phréatiques.« La Chine et l'Inde ont besoin d'une nouvelle approche pour reconsidérer leur façon de produire des biocarburants », conclut Charlotte de Fraiture.
Le rapport suggère aux autorités d'envisager de planter du sorgho pour obtenir de l'éthanol et des espèces telles que le jatropha et le pongamia pour le biodiesel. Ces choix réduiraient la compétition entre les besoins en eau pour la production de nourriture humaine, animale et celle des biocarburants.