Sunday, October 21, 2007

Chasseurs d’eau à Sydney

Ecologie. La sécheresse, de plus en plus présente dans les villes australiennes, contraint les citadins à aménager leur quotidien pour préserver l’eau.

De Florence Decamp correspondante à Sydney pour Libération
QUOTIDIEN : mardi 23 octobre 2007


Elles ont des rondeurs et des couleurs de berlingots. «Nous en avons des cylindriques, des plates, des incurvées, des souples, des dures, des petites, des lisses ou des cannelées… Rouge coquelicot, vert anis et aqua marine», avait précisé le vendeur avec gourmandise. Comme à la parade, dans cet entrepôt d’une banlieue de Sydney, sont exposées des dizaines de citernes que viennent acheter les habitants de la ville pour conserver l’eau de pluie. Non pas des forcenés de l’environnement mais des gens convaincus qu’il est désormais impossible d’échapper à la sécheresse qui semble s’être installée de façon tendantielle en Australie depuis plusieurs années. Une calamité évoquée presque tous les jours par la presse australienne. «Vous avez vu la télé, hier soir ?» Frances frissonne encore au souvenir de ces moutons, bondissant comme des lapins enragés, se piétinant pour envahir un champ et dévorer des herbes jaunes sous les yeux d’un fermier épuisé : «Ma récolte de blé est foutue, alors autant que les moutons en profitent…» Toute chamboulée, Frances, juge de paix, a décidé qu’il fallait agir, acheter une citerne et oublier le temps où chacun laissait l’eau couler à flots… Elle n’est pas la seule. De plus en plus d’Australiens – dans leurs jardins, sur leurs toits et sur leur balcons – organisent leurs maisons en citadelle prête à subir le siège de la sécheresse.

Obsession. Le gouvernement de l’Etat de la Nouvelle-Galles du Sud a prévenu que, quels que soient la pluviométrie et le niveau des barrages qui alimentent la ville, les restrictions d’eau resteraient en place. Et les irréductibles qui s’étaient crus sauvés par un récent déluge sur Sydney, persuadés qu’ils pourraient enfin changer l’eau de la piscine, asperger leurs jardins, laver leurs voitures au jet, et non plus à l’arrosoir, sans risquer une amende, ont dû revoir leurs positions. Alors que sur les côtes du pays fleurissent les usines de désalinisation et de recyclage des eaux usées, des patrouilles de rangers vont être organisées la nuit, sur les rivières, pour traquer les voleurs d’eau. Les satellites seront aussi mis à contribution pour repérer les fermiers qui dépassent leurs quotas. Quiconque surpris en train de détourner de l’eau devra payer une amende qui pourra atteindre 275 000 dollars australiens (172 000 euros). «Nous savons maintenant que le changement de climat est réel, a constaté Morris Iemma,chef de l’exécutif de la Nouvelle-Galles du Sud, nous allons devoir modifier nos habitudes.» Trouver de l’eau, la conserver et la défendre est devenu une obsession chez les Australiens, qui sont parmi les plus gros consommateurs d’eau de la planète...

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