Saturday, July 07, 2007

A qui profite l'eau française?

Caroline Idoux , journaliste scientifique pointe les dysfonctionnements du cycle de l’eau potable en France, notamment les écarts de prix observés d’une région à l’autre.

Le service de distribution d’eau comme celui de son traitement ne sont pas du tout uniformes en France et toutes les communes ne prennent pas les mêmes mesures et n’ont pas affaire à la même eau.
Depuis fin 2005, elles ont d’ailleurs pour obligation de trouver elles-mêmes une solution au traitement des eaux usées. C’est ici que la part du privé intervient pour le plus grand nombre. Le ministère de l’Ecologie et du développement durable a démontré que l’eau était 34% plus élevé quand sa gestion était confiée à des entreprises privées sur des communes de moins de 10 000 habitants.

Pourquoi un tel écart ? Avant tout parce qu’il est évident qu’une entreprise privée de gestion de l’eau n’est pas une œuvre de charité et qu’elle est là, et c’est somme toute assez compréhensif, pour faire des profits. Ensuite, gérer l’eau n’est pas une mince affaire et les sanctions pénales peuvent décourager plus d’un maire de mettre en place une politique en interne alors qu’à sa porte frappe trois géants de l’eau en France, reconnus pour leur savoir-faire, et à qui il est bien souvent plus facile de confier le bébé ! Jusqu’à présent, ces régies privées étaient plus sereines et pouvaient gérer l’eau un peu comme bon leur semblaient tant que personne ne tombait malade !

Mais aujourd’hui le consommateur est devenu curieux et la première association à dénoncer le prix (abusif) de l’eau en France est l’UFC-Que Choisir. En 2006, elle a fait apparaître des injustices inexplicables et inexpliquées pour la plupart démontrant par exemple, que l’eau distribuée à Lyon serait 1,7 fois plus chère que son prix de revient. Ce rapport monte à 2,5 en Île-de-France. Là où l’on demande plus de clarté et de limpidité aujourd’hui, c’est sur la possible surfacturation des services et surtout l’opacité des comptes rendus annuels, devenus obligatoires mais qui ont une forte propension à rester, volontairement ou pas, opaques.

En réalité, le marché des services de l’eau en France représente la première éco-industrie du pays. Doit-on pour autant en faire un produit de consommation gratuit ? Personne à ce jour n’a la réponse. Mais n’oublions pas que d’ici à 2015, le marché potentiel de l’eau sera de 180 milliards de dollars par an, contre 80 aujourd’hui. Soyons honnête, il n’est pas vraiment question de gratuité mais de services publics sans but lucratif. Une eau échappe pourtant à ce schéma, c’est celle mise en bouteille qui représentait déjà en 2004 un marché de 148 milliards de litres distribués. Cette consommation augmente en moyenne de 12% par an.

Une autre histoire d’eau lucrative.

Source : La rédaction pro-environnement , vendredi 1 juin 2007 - 16:07



No comments: