Sunday, July 01, 2007

Des palétuviers pour dessaler l'eau de mer

Sous les palétuviers que Romain Brouard, Fabien Cassisa et Vincent Torrent vont planter dans une serre au large de Shanghaï, il ne sera pas question d'aller gazouiller, comme le dit la chanson. Ces trois élèves, en seconde année de l'Ecole centrale de Paris, ont conçu un dispositif pour produire de l'eau potable en récupérant la rosée de ces arbres halophiles (adeptes des sols salés).

" Nous voulions utiliser l'eau de mer et la rosée du matin", expliquent les ingénieurs en herbe. Or les palétuviers, non seulement apprécient le sel, mais, en outre transpirent abondamment. Un hectare planté permettrait de récupérer 30 000 litres d'eau par jour. Ce qui suffirait à la consommation de 10 000 personnes, affirment les étudiants.

Un premier modèle réduit de leur système a été conçu au laboratoire du génie des procédés et des matériaux (LGPM) de l'Ecole centrale : un aquarium fermé, alimenté en eau de mer, reproduit la serre. Une aération proche du sol permet de renouveler le CO2 nécessaire à la vie des plantes. Une partie de l'eau transpirée est récupérée sur le couvercle (le futur toit de la serre) et sur les parois ; le reste est recueilli à l'aide d'un échangeur de chaleur entre l'air chaud et humide du lieu et une arrivée d'eau de mer.

Dominique Lerique, spécialiste de l'industrie du vivant, et François Fromard, chercheur au CNRS et spécialiste de la mangrove, ont chacun bénévolement aidé la jeune équipe à perfectionner le projet. Ils leur ont suggéré d'utiliser les palétuviers, qui ont un effet de dépollution reconnu, pour filtrer également des eaux usées.

La construction d'une unité pilote est déjà lancée. Deux des trois élèves apprennent le chinois. Après avoir été autorisés à interrompre leurs études durant un an, ils vont partir en septembre sur l'île de Chongming, au large de Shanghaï, où sera créée l'éco-ville de Dongtan (Le Monde du 17 avril), pour y construire leur prototype. Des contacts ont été pris avec des étudiants chinois de l'université Jiaotong.

Le coût du projet est estimé à 49 000 euros. Syntec-Ingenierie, qui vient de leur accorder le prix de l'ingénierie du futur dans la catégorie Industrie, va leur remettre un chèque de 1 500 euros. Et M. Lerique active désormais ses réseaux pour convaincre des entreprises de sponsoriser le projet.


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