Saturday, July 21, 2007

Qualité de l’eau : Le ministre reste ferme

Le ministre de l’Agriculture n’a pas fait dans la complaisance, hier, en s’adressant aux agriculteurs bretons sur la qualité de l’eau. Pour retrouver la confiance de Bruxelles et éviter le pire, ils devront s’engager sans attendre et de façon volontaire dans le plan drastique proposé par l’État.

Dans les Côtes-d’Armor le matin et dans le Finistère l’après-midi, Michel Barnier a visité des exploitations laitières et porcines implantées sur deux des neuf bassins-versants en contentieux, où les nitrates sont excédentaires. « La France a approuvé, avec les autres États-membres, la directive nitrates en 1975, nous sommes au pied du mur, a-t-il martelé. Il n’est pas possible de remettre le plan en cause, il va falloir chercher des adaptations pour le rendre le plus acceptable possible ».

Un dossier chaud Le dossier est chaud. Le ministre s’est rendu compte dans l’exploitation d’Yves et Claudie Le Roy, à Ploudaniel, que le monde agricole, paysans comme les responsables de groupements et d’entreprises agroalimentaires, est inquiet, que la tension monte. Le combat de la pollution de l’eau par les nitrates oppose Bruxelles à la Bretagne depuis 15 ans. En juin dernier, la Commission européenne a décidé de saisir la Cour de justice européenne. La Commission demande d’infliger à la France une amende de plus de 28 millions d’euros, assortie d’astreintes journalières de 117.882 €. Pour éviter cette solution extrême, la France a prévu des mesures radicales passant par la limitation de la fertilisation azotée, accompagnée, dans les quatre bassins versants les plus dégradés, d’une réduction de cheptel. Dans ces bassins, l’État prévoit en outre, de suspendre les prises d’eau.

Éviter la saisine de la Cour de justice Yves Le Roy, 46 ans, a expliqué, chiffres en main, qu’il a investi depuis 1998 quelque 41.800 € pour l’environnement, et que son exploitation est aux normes. Les nouvelles mesures se traduiraient par un coût annuel de 19.300 € pour la construction d’une station de traitement du lisier et de 2.430 € de charges supplémentaires pour le système fourrager. « Le revenu annuel de notre couple passerait de 40.000 € à 20.000 €, nous aurions le choix entre supprimer l’une des deux productions, de se séparer d’un salarié, de l’un de nous deux, ou bien d’arrêter notre activité ».

Michel Barnier, qui se rendra prochainement à Bruxelles, demande d’abord aux agriculteurs de s’engager dans le plan. « La Commission va décider en septembre de saisir ou non la Cour européenne de justice, vous devez leur montrer votre volonté d’aller au bout des efforts déjà engagés », a souligné le ministre. Le plan de mesures deviendra obligatoire dès janvier 2008, mais si la commission ne saisit pas la Cour européenne de justice, la France ne se verra pas infliger les lourdes sanctions financières. Elle pourra accompagner plus efficacement les agriculteurs dans l’application, espérée plus adaptée, du plan. Mais tout ceci n’est encore qu’hypothèse.

Article paru dans Letélégramme.com


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