Wednesday, May 16, 2007

Israël : la "Silicon Valley" de l'eau

Confronté depuis toujours à une pénurie chronique d'eau douce, l'État hébreu a su innover pour « produire » et recycler cette précieuse matière première.

EN ISRAËL, la fameuse expression « ne pas perdre une goutte d'eau » prend tout son sens. Dans ce petit pays d'à peine 25 000 km² de superficie, la rareté du précieux liquide a conduit ses habitants à développer, très tôt, des trésors d'imagination pour se fournir en eau potable de qualité, permettre l'irrigation des terres agricoles et satisfaire les besoins de l'industrie.

Pas de pétrole ni de minerais non plus : « la seule ressource naturelle dont nous disposons se trouve entre nos deux oreilles », explique d'un oeil malicieux Maiki Yoeli, directeur adjoint de l'Institut israélien pour l'exportation et la coopération internationale (IEICI), devant un parterre de journalistes du monde entier invités à venir découvrir les dernières innovations technologiques mises au point entre la Méditerranée et le Jourdain, dans « la Silicon Valley de l'eau ».

Premier constat, assez surprenant lorsque l'on vient d'un pays relativement bien arrosé comme le nôtre : les Israéliens se définissent comme des « producteurs » d'eau douce et s'affichent comme les champions du recyclage des eaux usées. À l'échelle du pays, 13 % de l'eau consommée - un record mondial - provient du dessalement de l'eau de mer et la société publique Mekorot, qui fournit 70 % des besoins en eau d'Israël, se targue d'augmenter les précipitations de 13 % en ensemençant les nuages avec des sels d'iode générateurs de pluie.

De leur côté, une fois assainies dans les stations d'épuration, les eaux usées ne sont pas rejetées dans les rivières ou à la mer, comme cela se fait à peu près partout dans le monde. Si elles sont impropres à la consommation humaine (le coût du traitement serait trop élevé) elles sont réutilisées à 75 % pour l'arrosage des cultures ou des espaces verts. Un record, là aussi : seules l'Espagne, qui recycle 12 % de ses effluents, l'Australie (9 %), l'Italie (8 %) ou la Grèce (5 %) ont suivi l'exemple.

Comme l'explique Rémi Blanc, ingénieur au sein de la société Aqwise, « Israël a massivement investi, il y a trente ans, dans le traitement des eaux d'égout, non pas tant pour des questions de protection de l'environnement que pour pouvoir récupérer cette eau et la réutiliser ensuite. » Aujourd'hui, la moitié des besoins de l'agriculture israélienne sont couverts par cette filière !



Article d'Ashkelon MARC MENNESSIER, envoyé spécial Tel-Aviv pour le journal Le Figaro.
Publié le 12 mai 2007.




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